Musicothérapie

« Le son médiateur, le son guérisseur »

NANTES Malakoff a ses secrets : Arabel en est un. Depuis 13 ans, cette association de musicothérapie et de développement de la personnalité prend en charge ceux qui ressentent le besoin d’une aide thérapeutique et psychanalytique. Ils ont de 3 à 60 ans et subissent à la fois un traitement par les sons d’une machine et par la parole. Ce médiateur qu’est le son a permis à nombre de ces gens de retrouver leurs capacités après des traumatismes, de s’éveiller et de se réaliser.

Arabel est installée dans deux appartements au 10ème étage, 15 rue du Pays de Galles. D’un côté, l’appartement réservé aux entretiens, en face celui pour la thérapie. Univers de casques et de fils à rallonge, on s’y promène en écoutant Mozart ou des chants grégoriens. Les murs couverts de dessins d’enfants rappellent ce besoin de s’exprimer par un autre biais que la parole. Cette salle commune permet aux gens de se côtoyer, de lire à leur guise et pour les enfants, de faire des activités manuelles.

Dans l’autre partie de l’appartement, plusieurs cabines réservées à la thérapie. Dans l’une d’elles, une personne qui vient pour la première fois, subit un test qui détermine la nécessité d’une aide thérapeutique. Lorsque les sons n’ont pas été bien distincts, ni différenciés c’est le message qui n’a pas été reçu.

Souffrance intérieure et physique
Christine Herzog musicothérapeute, découvre des personnes fermées au monde extérieur, dont la compréhension de la vie est difficile. Elles sont venues parce qu’ils souffraient intérieurement ou physiquement. La thérapie peut commencer « Nous traitons la personne dans son ensemble. Nous ne pouvons séparer le psychique du corps » explique Christine Herzog. « Les maladies sont les signaux d’alarme que quelque chose ne vas pas » ajoute-t-elle.

Pendant les deux premières phases de la thérapie musicale, l’enfant ou l’adulte régresse jusqu’à la vie intra-utérine puis renaît une seconde fois. « Yohan a 9 ans lorsqu’il est entré en phase de seconde naissance, je l’ai tout de suite su. Il m’a demandé combien de temps il était resté dans mon ventre. “J’étais bien” a-t-il dit, raconte une maman. »

Certains entretiens sont basés sur l’analyse de leurs rêves.
Quels sont les résultats ? Pour certains on parle de réussites. « Yohan faisait des dessins en noir avec une porte et lui derrière. Aujourd’hui, il choisit la couleur. Avant, il était fermé au monde extérieur, maintenant il est heureux de vivre. La peur n’est plus » explique la maman. Arabel a aussi sorti un autiste de l’enfermement, il a appris à communiquer. Il est passé à l’émission télévisée Envoyé spécial, a été l’objet d’articles de presse. D’autres réussites plus éclatantes ont existé…

Les rares échecs sont dus aux abandons de certaines personnes. « Si le contact passe et que l’on sent les gens motivés alors on engage une thérapie. Comme c’est un travail de longue haleine qui nécessite beaucoup d’investissement, nous ne pouvons pas nous engager dans une voie qui pourrait conduire à l’échec », dit encore Christine Herzog.

Bernard et Christine Herzog, tous deux bénévoles, ont la passion de leur métier. Bernard Herzog a créé l’association il y a 13 ans. À la fois médecin et psychanalyste, il a écrit plusieurs ouvrages.

Article paru dans Ouest-France le 26 Mars 1992

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