Des vies (extra) ordinaires, 8ème témoignage : Elie

“Tisser la paix sans relâche”

 « Lors de la lecture de la Torah, nous avons entendu des sifflements puis un bruit de tonnerre. Mes amis et moi sommes sortis. Toutes les maisons d’à côté n’existaient plus. Ce n’était plus qu’un nuage de poussière. Pendant 72 heures, jour et nuit, nous avons parcouru les décombres, retiré des gravas des corps, des cadavres, des blessés, des rescapés. Tout ce qui fut une vie, un passé était retombé en poussière. Tout venait du néant et retournait au néant. Toute l’histoire d’un vécu sortait de sa page et s’écrivait dans cette page. C’était la désolation la plus complète, le désespoir le plus complet. La furie des hommes avait raison des ans passés. Après l’accomplissement des rites funéraires, les rescapés, les survivants, en proie au désespoir, en proie à la révolte, en proie à la rage et la haine, prirent le temps de se regarder et de conclure : “Il est de notre honneur de résister à cette tentation de se laisser aller, de se tourner vers le néant. Le meilleur acte est de repartir, de recréer les tissus et les liens passés afin que l’histoire persiste, et que la haine n’ait plus cours. La meilleure chaîne, le meilleur rempart pour la paix, c’est de se ressaisir, de reconstituer les liens antérieurs et de refaire ce qui fut défait.” »

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