Épilepsie ou crise d’hypoglycémie

Chacun possède un inconscient où se déposent les vieux souvenirs, les émotions agréables et désagréables. Dans certains cas, lorsque l’attention diminue, notamment pendant le sommeil, le souvenir émerge dans le conscient sous forme de rêves. L’auteur nous entraîne dans cet art de décrypter les rêves pour résoudre des problèmes de santé incompréhensibles autrement. La psychanalyse pourrait être utile aux chercheurs ou aux cliniciens pour progresser dans l’analyse objective des affections pathologiques à la condition, certes, de considérer l’être comme un tout et non comme partie !

Une émotivité exacerbée tracasse Paulette depuis sa tendre enfance, sans doute à cause du décès prématuré de son père. Sa mère lui délègue beaucoup de tâches que ses frêles épaules de 14 ans ont du mal à assumer. Elle se marie à 18 ans et devient veuve quelques années plus tard après avoir eu un fils. Le sort semble s’acharner sur elle, une de ses soeurs vit une histoire à peu près semblable. Là encore elle est appelée à l’aide.

Depuis, Paulette a refait sa vie. Elle est très heureuse dans son nouveau couple excepté une situation conflictuelle avec une des filles de son second compagnon. Paulette a rencontré l’amour, elle souhaiterait qu’il efface tout sur son passage.

Des problèmes endocriniens et une ablation de l’utérus surviennent vingt ans après.

Une nuit, son mari la retrouve inerte à 6 heures du matin et, après avoir tenté en vain de la ranimer, il est obligé d’appeler le SAMU. Le médecin évoque une crise d’épilepsie, tous les éléments cliniques étant en faveur de ce diagnostic. L’épisode la marque fortement. Elle s’inquiète d’être épileptique.

Quelques jours après l’avoir entendue m’évoquer ses ennuis et ses interrogations, j’effectue un rêve dans lequel apparaît le mot “hypoglycémie”.

Je lui demande de me relater les rêves effectués avant cet épisode.

- Cette semaine, j’ai fait deux rêves la même nuit. Dans le premier, je n’ai plus retrouvé ma voiture sur le parking. Dans le second, j’étais au lit avec mon compagnon. Je sentais la douceur de son corps à gauche. C’est alors que ma mère est venue à droite se mettre au lit contre moi. Sa présence m’était désagréable, le contact était impossible à supporter. Je crois que j’ai alors gémi ma souffrance, la repoussant pour qu’elle s’en aille. Elle a dû comprendre : je l’ai vu s’éloigner de dos, son corps était nu. Je voulais crier des injures mais je n’avais plus de voix, ma gorge était nouée. Je crois avoir crié : “salope !”

Paulette a d’importants problèmes de la glande thyroïde. Un noeud complexe est situé au niveau de sa gorge. Elle “encaisse tout” sans rien dire. La somatisation souligne ce que le verbe tait.

Le sucre pour compenser une frustration

Paulette refait trois crises l’une sur l’autre (le 14 novembre, le 14 décembre, le 14 janvier) à un mois d’intervalle. Au second épisode, très anxieuse, elle fait faire, sur mes conseils, une analyse du sucre sanguin qui s’avère concluante. C’est réellement une hypoglycémie et non une épilepsie comme mon rêve l’a exprimé. À la troisième crise, je lui demande d’enquêter sur la date et la symbolique qu’elle représente dans sa vie.

Elle se souvient alors que, dans sa tendre enfance, son père partait extrêmement tôt au travail. A l’heure à laquelle approximativement elle fait ses crises, il lui offrait toujours un sucre comme une compensation à son départ et à son absence.

Son père est né un chiffre 14, son premier mari est né et décédé le 14 d’un autre mois. Elle l’a d’ailleurs rencontré à 14 ans et il décède lorsqu’elle a 28 ans (2 x 14). A 42 ans (3 x 14), elle commence à se rebeller et à ne plus supporter l’irrespect de sa belle fille.

Que signifient ces dates apparemment dispersées dans son existence que scandent les comas hypoglycémiques successifs ?

Nous devons constater qu’à chaque épisode d’hypoglycémie un rêve précède de quelques jours manifestant toujours l’absence de sa voiture ou son vol. On peut considérer la voiture comme un habitacle comparable au corps par rapport a l’esprit, c’est-à-dire une perte de conscience due a l’hypoglycémie. Néanmoins, la répétition des crises inquiète manifestement Paulette. Aussi nous devons nous efforcer de la faire cesser.

Deux rêves m’aident à comprendre qu’elle vit un problème de sacralisation. Elle idéalise “son” homme et la moindre faiblesse de sa part provoque une crise. Chaque crise a lieu le lendemain d’une dispute ou d une prise de conscience importante soit envers sa mère soit envers son compagnon.

Ce dernier, avec qui elle a une relation très positive, se refuse à reconnaître la problématique de sa relation avec ses filles : il a un comportement très conciliant envers elles, même devant leur attitude irrévérencieuse. Cela suffit à Paulette pour réactiver les vieux démons d’angoisse et de crainte qu’elle a toujours connus avec sa marâtre de mère. C’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder l’océan de “mal aises” qu’elle a toujours vécus avec elle.

Elle vit un échange au cours duquel elle se sent lésée. Et, de ce fait, elle lèse son corps où l’échange au niveau des cellules ne s’effectue pas bloquant ainsi la vie pour un temps. Chaque discussion est aussi vécue comme une atteinte à son intégrité dans la mesure où l’autre ne va pas dans le sens souhaité de faon légitime d’ailleurs, mais l’être humain a ses idées et le respect est une façon de ne pas forcer la main, même si la direction est bonne.

À chaque fois donc, elle vit l’antagonisme, voire la différence d’opinion comme une soustraction et un amoindrissement de l’amour. L’amour donné à autrui arrive à défaut de celui qu’on lui porte.

J’essaye de lui montrer que la vie est une somme. L’amour qu’elle porte à son mari ne porte pas ombrage à celui de son fils et réciproquement. Tout s’additionne.

- Oui, mais étant petite, j’ai dû tellement me bagarrer qu’à chaque fois je devais mettre une énergie extrêmement importante pour des choses bénignes et je me mobilisais tant que je voulais beaucoup de choses.

Elle veut beaucoup d’amour et le sucre est associé à l’amour. C’est ainsi que l’on peut faire la relation avec les dates de ses crises qui correspondent à des événements importants de sa vie.

- Je me souviendrai toujours que vous avez été la première personne à donner crédit sans restriction à mon histoire. De ce fait, mon mari a commencé à prendre en compte ma souffrance.

Sa mère réussit entre-temps à obtenir la médaille de la famille, distinction offerte à celles qui sont reconnues comme des modèles d’éducation et d’amour de leur progéniture (sic). Paulette, invitée à la remise de la médaille, décidera, après beaucoup d’hésitation, de ne pas s’y rendre. Ce sera le premier acte officiel de “sécession” et le premier pas vers la libération définitive.

Mais Paulette a encore quelques crises. Sa panique est accentuée par l’idée que cela la prenne en voiture ou dans la rue. Elle est décidée à aller jusqu’au bout d’elle-même pour comprendre et résoudre ces crises handicapantes.

Elle a compris que tant qu’elle n’exprimait pas verbalement ou effectivement son ressenti profond et intime, le problème non métabolisé stagnait au niveau du corps qui somatiserait aussi longtemps qu’elle resterait sous l’influence de la mère. Elle fait payer à son corps, sa terre, sa dépendance à la terre mère.

Elle a un rêve qui la marque beaucoup le 1er septembre :

“Une main dirigea un cobra vers moi pour qu’il me morde latéralement au sein droit. II était très impressionnant gueule ouverte, deux crocs recourbés sur la mâchoire supérieure. Sa tête était rouge, son corps jaune vif. On le tenait juste à ces démarcations. Je ne sais comment y échapper. J’ai crié et je me suis réveillée.”

- Pour moi, cette image c’est l’image de la mère serpent, je suis absolument persuadée que si je n’étais pas venue vous voir j’aurais fait un cancer, vraisemblablement un cancer du sein.

C’est vrai que je souffre de ces crises d’hypoglycémie car c’est toujours angoissant de se trouver privée de conscience sans savoir ni pourquoi ni comment, mais, quelque part, je pense que c’est aussi le prix à payer, si je puis dire, peut-être pour cette libération, et que le prix aurait pu être beaucoup plus important. J’ai vécu dans l’angoisse cinquante ans de ma vie, je ne pouvais pas passer à travers cela sans séquelles.

Tous les problèmes, que ce soient ceux des filles de mon mari ou de mon propre fils qui vit une séparation, ne comptent pas à côté de ce que j’ai pu endurer à côté de cette femme. Si je ne lui souhaite pas la fête des mères, je sais pourquoi : elle m’a fait trop de mal. Lorsque je vois cette gueule ouverte et ses crocs, c’est elle qui est toujours prête à mordre, à sortir du venin quoi que je fasse, à détourner les propos, à semer la zizanie, séparer pour régner telle a toujours été sa devise, et ma famille y prête l’oreille et la croit, j’ai tout le monde contre moi.

Le rêve contient l’énoncé du problème mais aussi la solution

- Le cobra signifie aussi que vous avez, à vos côtés, la force de votre Râ, la force de votre soleil, et si vous savez diriger par la force de votre volonté l’évolution du Râ au sein de votre propre vie, vous tiendrez à distance tous les serpents du monde, et toutes les mauvaises intentions du monde. Peut-être y échappez-vous de justesse mais vous y échappez.”

Paulette dut sans doute bien diriger son cobra, en tout cas le maîtriser, car, plus d’un an plus tard, elle n’avait fait aucune crise d’hypoglycémie.

Les dates des comas, similaires à celles des événements chocs de sa vie n’illustreraient-elles pas une sorte de rappel sur une date déjà sensibilisée comme s’il existait une mémoire du corps, capable d’enregistrer et de réactiver y compris une date signal ?

Or, le métabolisme n’a nullement besoin de mémoires car le métabolisme, ce sont des mouvements cycliques.

Alors pourquoi ces dates ?

Que sommes-nous, sinon une mesure du temps dans des cycles de temps ?

Cela correspondrait donc à son cycle de temps et ces cycles ont des hypers et des hypos marqués, des hypos ou des hypers induits sans doute par des chocs provoquant un effondrement de nombre de systèmes. Ce sont des mouvements cycliques où il est nécessaire de tenir compte à la fois des émissions de la pensée mais aussi du champ corporel à cultiver ou redresser.

Elle a vécu des chocs qui ont pu les induire, comme une grande peur peut rendre fou. Mais le monde bactériel qui constitue l’essentiel de chacune de nos cellules, de nos mitochondries va aussi réagir car lui possède l’horloge du temps, du temps de la vie, la vie de notre corps, de notre cycle.

Nous avons des moments physiologiques pour attraper la poisse d’où les ennuis à répétition.

Le tout forme un ensemble. Si on fait un apport nécessaire le corps va changer et le cycle ne sera plus le même. Mais si la tête change, c’est encore bien mieux. Ce sont des métabolismes inducteurs où il faut imaginer des rouages pris les uns dans les autres. Si on répare le rouage de l’un ça va améliorer le rouage des autres.

Accompagnée par deux amis médecins, qui avaient bien voulu accréditer mes hypothèses physiopathologiques après les avoir vérifiées, l’une nutritionniste, l’autre homéopathe, aidèrent Paulette à avoir une nourriture équilibrée et à équilibrer son métabolisme glucidique. Nous avons réussi à trois à gérer l’équilibre de sa physiologie et de son psychisme, et à éviter une thérapeutique anti-épileptique ad vitam qui n’aurait fait que léser les neurones sans jamais régler le problème initial.

Cela signifie aussi que nous avons au moins deux chances de faire évoluer un état, l’une physiologique, la seconde psychologique, et sans doute bien d’autres. Assurons notre démarche grâce à cet équilibre car il illustre bien qu’en travaillant de concert sur des champs différents l’être potentialise les chances de succès thérapeutique.

À partir du moment où elle effectue le choix de ne plus subir et de se prendre en charge, elle se verticalise aussi face à la maladie et lui résiste, sort de la série récurrente des accidents de la vie. En prenant sa vie en charge et son corps en compte, elle devient plus forte et plus saine.

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