Protection et évasion

Les rêves, cet “aquarium de la nuit”, sont une succession d’images accordées et qui délitent au gré du temps et des événements, un ensemble d’effets nécessaires à accomplir la vie. Car ces images sont de nature très particulière. Elles sont la sécrétion, la production même de notre inconscient, au travers de ses propres efforts de régulation. C’est comme un thermomètre qui tente de se placer au niveau le plus harmonieux possible afin de compenser des effets plus ou moins pervers, plus ou moins agressifs envers notre corps.

Prenez un enfant témoin d’un incendie chez lui. II ne subira pas de séquelles graves et nul n’y prête plus attention. Quelques années plus tard, je le reçois. D’emblée, il me parle de cet événement et des craintes qu’il en avait conçues à l’insu de ses parents. J’en ai rêvé des mois. “Ainsi sa vie diurne avait été apurée en partie de ses peurs paniquantes afin d’éviter un embrasement physiologique et psychologique trop intense. II en restait néanmoins des humeurs grognonnes.

Le rêve va donc jouer un rôle amortisseur mais également de sécurité. En effet, tout être qui ne rêve pas finit par devenir agressif voire hystérique. J’y inclus aussi bien les rêves heureux que malheureux, dits cauchemardesques. Le rêve est donc une matière nécessaire à la survie de l’homme. II va être l’expression du “moi” très profond, qui ne va pas juger ou analyser une position ou une décision. Cette expression est le reflet des efforts effectués, de l’état programmé par la personne, c’est-à-dire, un état de la volonté.

Le rêve, et certes peu le disent, sert aussi à compresser, à entasser, à enterrer certains événements dans le profond de l’inconscience consciente. II peut devenir un moule qui va permettre d’anesthésier un événement et de l’enfouir dans le tréfonds de l’inconscient. II se réveillera le jour où l’on se retrouvera face à des événements vécus et on aura alors un ressenti qu’on pensera intuitif.

Le rêve a donc un rôle important de protection et d’évasion ; il va permettre également un rétablissement identique et harmonieux sur l’ensemble des tensions du corps.

Pour conclure en compagnie de Shakespeare : “Nous sommes de l’étoffe dont les songes sont faits.”

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