Rester en relation La nécessité existentielle de créer des liens

L’homme n’est pas un animal solitaire, exception faite de quelques ermites. Ses congénères sont bien une nécessité pour créer sa demeure, et sans pour autant être cigale, subvenir à ses besoins alimentaires, façonner sa richesse d’échange et permettre sa défense. Il avait besoin, dès l’origine, de créer des relations et de tisser des liens pour vivre dans une certaine sécurité, subvenir à ses besoins et être reconnu.

Nous avons l’impression que les rêves sont les émanations d’une inconscience de notre personnalité et de notre environnement. Effectivement, le rêve a un sens qui peut être intuitif et qui va être aussi un moyen de prévenir d’un fait important généré non par le futur mais par le présent immédiat que nous croyons être le futur. Il est déjà initialisé dans l’histoire où nous nous construisons, dans laquelle nous vivons et cet événement va permettre l’échange. C’est lui qui va l’effectuer, non pas le rêve. Mais le rêve va être le déclic, l’objet de référence.

Changer son regard

Un homme vient me consulter à la suite de visions répétées : “Mes yeux tombent”. Cet enseignant, très pragmatique, s’inquiète de sa santé mentale en raison de cauchemars et d’idées violentes qui le rendent insomniaque.

En réalité, il a connu en six mois le décès de ses parents et de ses beaux-parents, plusieurs de ses collègues sont partis à la retraite, ce qui a engendré une déprime latente.

Un regard sur lui-même, trop abaissant, dépréciateur. Il veut voir et être regardé. Son père, patriarche, boucher, a été un référent puissant ; il doit retrouver ses propres certitudes, un peu envahi par des visions morbides de carcasses de bestiaux découpées par son père.

Il a connu des chutes physiques et s’est culpabilisé pour des accidents où il n’était pour rien.

Une seule vision résume tout ce parcours et initie par son interrogation un rehaussement de vision afin d’être de plain-pied avec la vie.

Le rêve va donc être une traduction d’un événement qui va initier des échanges. Et cet événement étant de surcroît plus ou moins heureux, plus ou moins bienfaisant, on va lui imputer, on va supputer des états d’âme, des états psychologiques qui n’ont strictement rien à voir.

Si le rêve est un exutoire, le rêve ne peut jamais être pris à son premier niveau sous peine de devenir une obsession et d’engendrer par la suite un sectarisme autoritaire.

L’homme a le sens du coeur

En rêve, un homme est dans un ascenseur qui descend toujours plus profondément pour s’apercevoir au bout du compte qu’il est emmuré.

Au premier degré, cela pourrait indiquer une claustrophobie, mais qu’en est-il vraiment ?

Ce cauchemar est la traduction de la quête très profonde d’un homme hors du commun à travers ses aspirations et sa rationalité – a boîte métallique et carrée qu’est l’ascenseur- prise comme armure. C’est aussi la cage thoracique et toutes les tensions du corps dues à la pression et à la rigidité. En proie aux censeurs, à un entourage oppressant, l’amenant toujours sans cesse à concrétiser, le stress est considérable dont découlent des problèmes cardio-vasculaires sérieux.

Il se trouve emmuré sans la liberté d’action et la reconnaissance nécessaires. Ce rêve lui souffle que “Mû par le Ré, l’homme a le sens du coeur et de l’heure pour ne pas asphyxier ni son sang ni sa vie”.

Si le rêve est pris à des niveaux différents, il va peut-être souligner la cause d’un profond malaise mais va surtout indiquer que c’est la signature d’un état révélateur d’une aspiration à connaître ses origines et les raisons profondes de sa conception par deux êtres réunis. En effet, l’homme a le goût de retrouver son attache, de retrouver ses racines en permanence.

Retrouver sa force de vie

Une femme rêve depuis des années qu’elle passe son temps à récupérer des bagages et ne réussit pas, de ce fait, à prendre le train.

Insomniaque, dépressive, alourdie par la besace d’un passé encombrant (tous ses bagages), elle ne prend pas le train de la vie.

Elle veut récupérer l’amour et l’affection qu’elle n’a pas rencontrés par des substituts ; l’alcool et la sexualité qui l’ont euphorisée dans un premier temps, pour finir par l’anesthésier.

Remplir son foie n’est pas emplir sa foi dans la vie. Elle s’éteint, se noie au fil du temps, pourtant dotée d’une énergie considérable et d’une belle personnalité.

Les entretiens lui donneront-ils l’essence nécessaire à retrouver son bagage, sa force de vie, et le feu indispensable pour prendre le train de sa vie ?

S’il est déraciné, l’homme se perd dans une quête totalement obsessionnaire. Je ne dis pas obsessionnelle mais obsessionnaire. Car c’est une forme de folie psychopathique dont celui ou celle qui en est obsédé ne se réalisera que par l’accomplissement final. L’actualisation nous en offre une belle illustration avec la folie meurtrière des adolescents de Denver.

Qu’est-ce que le rêve ?

Le Ré est bien le soleil et le V, c’est vouloir trouver le soleil, le rayon de soleil. C’est chercher en fin de compte un sens à donner à sa vie.

Je ne m’arrête pas aux notions de mal ou de bien, selon notre pensée occidentale, selon une idée quelconque. Le rêve de tout homme, c’est de retrouver cette joie et cette foi de la vie qui nous a permis d’être à un moment donné, le maillon d’une longue chaîne.

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