Comment améliorer les relations parents-enfants ?

Les parents ont parfois des divergences de vue par rapport à l’éducation de leur enfant. La plupart du temps, on a à faire à des gens sensés et compréhensifs, et on est tenté de donner raison à celui qui parle mais, si d’aventure, on écoute l’autre version, elle est tout aussi justifiée. Alors qui a tort, qui a raison ?

Il a un tic

Une maman vient me consulter sur le conseil de son mari: il juge que son fils a un problème de nourriture alors que la maman pense le contraire.

— Mon mari vous connaît de réputation et souhaiterait que vous fassiez l’arbitre dans notre situation. II n’a pas souhaité venir pour me laisser exprimer librement mon point de vue. II considère que notre enfant de neuf ans est trop chétif et ne mange pas assez. II lui crie sans arrêt dessus, ce que je trouve insupportable. Je m’interpose et il me reproche de ne pas le laisser jouer son rôle de père et de casser son autorité. De mon côté, je considère qu’il n’a pas à déverser ses humeurs sur l’enfant sous prétexte de nourriture. Si l’enfant n’a pas envie de manger tel ou tel légume ce n’est pas bien grave et je ne vois pas pourquoi on l’y obligerait manu militari. II est infatigable au basket, peut rester sur une activité un certain temps, il n’est pas malade. Néanmoins je le trouve fatigué. C’est un bon élève mais il pourrait faire mieux. Je suis de plus en plus inquiète devant un tic. Depuis un an et demi cela s’accentue et cette constatation m’interpelle.

— Quel est ce tic ?

— II porte sans arrêt sa main à sa bouche et cela devient un réflexe. On a beau le lui dire, il le fait machinalement.

— C’est un tic, dirais-je, nerveux et, avant de l’aborder, je voudrais faire quelques observations! La première, c’est que ce type de débat est plutôt fréquent et qu’en général c’est plutôt la maman qui trouve qu’il existe un problème et le papa qui pense l’inverse. Vous vous démarquez donc de la majorité et je prends vos descriptions respectives comme des approches de diverses facettes. L’enfant apprécie toujours d’être le roi de la piste et de faire tourner le monde dans le sens qui lui convient. Je vous conseille donc d’éviter d’afficher vos oppositions. II serait aussi souhaitable que votre mari ne manifeste pas de façon brutale son désagrément, ses réactions, car cela crée une ambiance peu propice à l’échange alimentaire. Et, quand je dis alimentaire, il ne s’agit pas seulement de nourriture physique, mais aussi de l’apport relationnel dont on se nourrit tout autant. Vous avez donc raison sur ce point. Je crois néanmoins que votre mari dit juste quand il affirme que votre enfant ne mange pas assez. Intuitivement, je pense que le tic de votre enfant est en rapport avec cela.

Mettre la main à la bouche semble traduire un besoin de nourriture, d’échange.

C’est un réflexe comme s’il était sous l’influence d’un manque d’énergie vitale. Vous m’avez dit qu’il était parfois asthénique avec des difficultés à se concentrer à l’école bien que ce soit un excellent élève, il se fatigue plus que la normale à son âge. II n’a aucune anomalie sur les bilans médicaux. Je pose donc l’hypothèse qu’effectivement il ne se nourrit pas assez et j’imagine qu’il ne doit pas prendre des petits déjeuners corrects. N’a-t-il pas tendance à faire ce tic lorsqu’il rentre de l’école, alors que les jours où il n’a pas d’école il le ferait beaucoup moins ?

— C’est exact !

— J’en déduis donc que, vraisemblablement, il ne mange pas assez le matin ou très peu, ce qui l’amène à une sorte de carence et, là, je partage l’avis de votre mari. II est souhaitable d’avoir une position autoritaire pour le faire manger le matin. Pour les autres repas, si vraiment il est allergique à un légume ou à une viande, il est certain que vous pouvez intervenir pour qu’il n’y soit pas astreint. Pourriez-vous me décrire son petit déjeuner ?

— La plupart du temps il ne veut pas manger. II dit qu’il n’a pas faim et, quand on le force, il a mal au ventre !

Qu’il prenne un petit déjeuner normal

— Dans ce cas, levez-le plus tôt, de sorte qu’il prenne un petit déjeuner normal. Sous ce vocable, je mets quatre tartines de pain de campagne à farine grise bien aérée et à l’aspect croustillant et très appétissant. Evitez les sucres et les confitures, donnez-lui plutôt du miel ou du beurre et une boisson chaude de son choix en accompagnement. Ainsi il sera beaucoup moins asthénique, son sommeil s’améliorera. Je suppose qu’il n’est pas excellent !

— Absolument ! II ne dort pas bien, il se couche tard, donc il se lève tard.

— Voilà, c’est le cycle vicieux qui en découle. L’enfant, étant fatigué le matin, ne mange pas beaucoup, voire pas du tout, va à l’école le ventre vide ; aussi la peur et le stress s’installent plus facilement. II ne faut pas oublier que la nourriture c’est aussi l’énergie, le carburant. Vous pouvez avoir une Jaguar, si vous ne mettez pas de super dans le réservoir, elle n’ira pas loin. Le petit déjeuner est le super de votre enfant. C’est ce qui améliorera son niveau ou ses potentialités intellectuelles. Sinon, il se remplira de sucreries à la récréation de 10 h – 11 h, n’aura pas faim à midi, redégustera toutes ces gâteries saccharosiques à quatre heures, mangera en plus grosse quantité en soirée, s’endormira encore plus tard et se lèvera donc plus tard. Pour changer ce cycle, il suffit de se lever plus tôt le matin et de prendre un petit déjeuner conséquent, et, si mon intuition est juste, le tic doit disparaître.

Un mois plus tard, la maman revenait me dire que le tic avait disparu très rapidement après la mise en place de nouvelles habitudes et le nouveau rythme de vie.

L’enfant bagarreur

Une maman accompagne son fils de neuf ans dont elle se plaint du caractère bagarreur et agité qui lui cause beaucoup de problèmes. Elle ne sait comment le ramener à un état plus tranquille d’autant que le père manifeste une insensibilité à son enfant tout en le sermonnant en permanence.

L’enfant avait fait un cauchemar qui l’avait inquiété.

— II y a trois semaines, j’ai été réveillé pendant la nuit parce que je croyais qu’il y avait un gros serpent dans mon lit. Dans mon cauchemar, je me trouvais dehors, dans une cabane en bois, sur un petit lit que j’avais fabriqué moi-même Puis, dans cette cabane, tout d’un coup montait un serpent sur mon lit, puis je voyais un trou dans la terre et beaucoup d’autres serpents suivaient le premier. Je me précipitais alors hors de la cabane pour rentrer à la maison et fuir ces serpents et je me suis réveillé à ce moment-là en pleine nuit et j’étais à peu près persuadé qu’il y avait un serpent sous mon lit.

Pendant plusieurs jours je ne pouvais plus dormir dedans. Tout ce que je sais, c’est que j’ai peur des serpents.

J’avais très peur de sortir dans la rue

— Dans ton cauchemar, Alex, cela se passait, dehors, dans une cabane. Cela peut traduire que, dans ton environnement, pas ta maison mais autour de ta

maison, c’est-à-dire dans le voisinage ou à l’école ou dans la famille éloignée, tu as été confronté à des agressions. Puisque ce gros serpent vient sur ton lit suivi de beaucoup d’autres, je crois que cela pourrait vouloir dire que tu as été agressé par quelqu’un accompagné d’un certain nombre de personnes.

Tu me dis que ce cauchemar date de trois semaines. Alors, il y a à peu près trois semaines, un mois, as-tu subi des agressions dans la rue ou à l’école ou parmi tes cousins éloignés ?

— Absolument. Un jour, alors que j’étais très énervé et que j’avais envie de tout casser, j’ai un peu crié sur un petit, un garçon plus jeune que moi à l’école. Lorsqu’il a raconté ça à sa famille, j’ai eu tous ses frères, soeurs et cousins sur le dos. Ils m’ont poursuivi dans la rue pendant plusieurs jours en me lançant des pavés, en m’injuriant, bref… j’avais très peur de sortir dans la rue.

C’est moi qui avais commencé

— Donc, quelque part, tu l’avais quand même cherché !

— Ah oui ! C’est vrai que c’est moi qui avais commencé. Si je n’avais pas cherché, je n’aurais pas eu tous ces problèmes.

— Bon, si tu reprends ton rêve, dis-toi que tous les éléments du rêve sont des parties de toi-même, les serpents sont donc tes manières d’agir chez toi. Que fait un serpent ? – II pique, il attaque ! – C’est donc une attitude agressive. Le rêve te dit donc qu’il faut bien enfermer les serpents et les humeurs piquantes et agressives si l’on ne veut pas être attaqué.

Tes serpents te seront très utiles pour te défendre car tu vois à travers ce rêve que tu as une grosse puissance, mais ne t’en sers jamais pour attaquer le premier. Car ces serpents que tu ne contrôles pas sont aussi des pensées, des idées un peu farfelues. Les serpents, au lieu d’être enterrés, viennent te narguer. Tu as donc l’esprit distrait quand, par exemple, tu es à l’école.II faut que tu saches mettre le serpent et tes pensées à leur place. Apprends à contrôler tes humeurs, ainsi tout ira mieux et tu n’auras plus à supporter des agressions que tu auras toi-même provoquées en piquant sans le vouloir.

Les parents se débattent souvent dans des problèmes d’autorité et d’explication alors qu’un seul rêve permet de clarifier bien des choses avec leur propre enfant.

Un mari jamais content

La maman d’Alex vit elle-même une pression constante qui s’exprime à travers un cauchemar.

Au bord d’une falaise traînent de vieux camions, de vieilles carcasses de voiture. Mon fils joue. Puis je vois du linge sécher au vent entre des poteaux mais, surprise, ce sont des poteaux de potence. Ma voisine s’est pendue ! Je songe: “Elle a bien fait, c’est une délivrance.”

— Quel choc ! Mon fils, je vois, est imbibé des problèmes du couple, de cette agressivité qu’il ressent entre son père et moi. Depuis trente ans, mon mari maugrée, n’est jamais content, et je le supporte par peur qu’il ne se pende si je pars. La décision de monter mon commerce est le parti que j’ai pris pris afin de ne plus subir cette ambiance quotidienne, mais je suis culpabilisée.

— C’est pourquoi dans le rêve, vous dites “elle a bien fait, c’est la bonne démarche” et le rêve vous délivre le message suivant.

Se délivrer de cette idée de suicide qui pend dans l’air afin de retrouver l’aise de sa carcasse et de son être. Les parents n’apprécient guère de voir leurs défauts caricaturés par leur progéniture, et les bombardent de remarques alors que leurs enfants sont beaucoup plus sensibles à l’exemple qu’aux paroles. Qu’ils se rassurent en partie tout de même, toutes ces graines ne sont pas tombées dans le désert. Mais l’enfant, qui a un imaginaire puissant, les retraduit à sa façon dans un langage imagé qui est celui des rêves.

Dans ces deux familles, l’enfant manifeste une carence ou un excès “alimentaire”, qu’il soit sur le plan de l’assiette ou du relationnel, renvoyant, à sa manière, aux parents une harmonisation à réaliser. Il y a, en effet, le bol alimentaire pour nourrir les besoins énergétiques mais aussi le bol relationnel affectif à remplir convenablement pour obtenir un équilibre harmonieux.

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