L’inhibition

L’inhibition est-elle ce que l’on croit ? Étymologiquement inhibere en grec c’est s’annihiler

Si l’homme, ce terme générique inclut les deux sexes à part égale, s’annihile, c’est qu’il perd la compréhension de ses racines.

Et en oubliant la notion de ses racines, comment pourrait-il se tenir debout ? Ce sera un homme couché ou couchant.

C’est un homme qui va finir par ramper, à trouver écueils là où il n’en faut pas, à s’effrayer d’une vaguelette qui vient mourir sur la plage.

L’homme perd alors toute notion d’érectabilité.

L’homo erectus devient un similis ou un similis du monde animal.

II se transgresse. II subit ainsi les affres des événements, au lieu de les accompagner, au lieu de comprendre le pourquoi de la force de l’événement.

L’homme dans l’adversité n’a d’autre issue que de chercher la faille dans la muraille qui se dresse face à lui.

Suivre le règlement d’une caste dominante, qui impose une conduite ou des méthodes absurdes et non conformes c’est se donner en pâture aux loups rôdant hors des murs de la cité. Mieux vaut alors chercher la faille pour pénétrer dans la forteresse tel le cheval de Troie.

Pourquoi chercher à comprendre “un” événement ? L’événement est toujours un acte aléatoire. En revanche, comprendre les conséquences et les causes des suites de cet événement ne sera pas aléatoire.

Pourquoi chercher à se marier ou à se fondre avec, mieux vaut prendre l’événement comme allié et non ennemi pour en tirer profit.

II fait très froid, des coulées de neige ont eu lieu. Vais-je attendre bien tranquillement que les chasse-neige déblaient mes alentours, après qu’une sous-commission de commission en ait donné l’agrément ?

Lorsque l’événement survient, de gré plutôt que de force, on sort de son lit douillet et on agit, certes en prenant les précautions nécessaires après avoir jaugé la situation de la façon la plus réaliste.

L’inhibition c’est bien s’effacer devant l’événement, devant l’acte aléatoire de la vie, car la vie c’est bien aussi un acte aléatoire.

Car chaque acte effectué, même dans le raisonnement cartésien le plus strict, n’engendre en fait que des actes aléatoires aux conséquences les plus diverses.

Par exemple, l’homme va abattre pour ses besoins personnels, tous les bois de la forêt, sur la colline en face de lui.

Il aura ainsi un paysage beaucoup plus dégagé durant le printemps et l’été. Mais qu’adviendra-t-il en fin de saison d’hiver, ou au cours d’une tornade : une avalanche d’eau ! Il se trouvera noyé par son propre acte aléatoire d’avoir détruit une forêt.

Après il va se plaindre, mais se plaindre de quoi ?

D’avoir lui-même créé un événement dont il n’a pu résoudre les contrecoups. II s’est annihilé devant des événements.

L’homme n’est pas fait pour être annihilé.

II est fait pour s’exhiber, pour avancer, pour sortir et non pas pour rentrer dans son lui-même.

L’homme n’est pas fait pour ramper.

L’homme est fait pour être debout, pour s’ériger comme s’érige un menhir.

Ce n’est pas non plus la révolte.

C’est prendre en compte l’événement, en faire un état réel pour réaliser quelque chose de nouveau.

Lutter contre l’événement, se révolter ?

Comme Spartacus, c’est mourir plus souvent que vaincre, mais perdu pour perdu!

C’est vrai que certains hommes lorsqu’ils sont dans un état d’inhibition la plus complète n’arrivent même plus à relever leur sexe ou à le recevoir.

Car ils s’imaginent recevoir ou envoyer un pieu.

Et bien l’homme, s’il est fait, composé de cette nature, c’est que la nature lui demande d’accomplir cet acte, sans en prendre ombrage.

Si l’homme a engagé une action, si l’homme a créé une action, l’agréer c’est la poursuivre jusqu’au bout.

L’inhibition c’est permettre une asphyxie totale ou partielle de ses actes décidés, de ses actes réfléchis et d’en supporter les conséquences.

Une inhibition c’est toujours se faire inhiber par le non désiré.

Lors de combats, la population est soumise aux effets inhibiteurs des conflits.

L’individu peut aussi être en proie à l’effet inhibiteur de la violence des mots. Mots infligés dans la relation amoureuse, mots déclarés par un pouvoir quelconque ou par des inquisiteurs.

“Je ne veux pas de ton amour”.

“C’est fini, vous êtes licencié”.

“Je vous condamne à mort dans trois jours”.

Qui ne serait pas inhibé à telle enseigne ?

L’homme est donc fait pour s’ériger, pour régner, pour imposer toujours dans un discernement et dans une discrimination totale.

Dans le cas contraire l’événement de la vie l’annihilera complètement et le fera disparaître.

“Si je n’avais pas eu le sens de l’humour, il y a bien longtemps que je me serais suicidé.” Disait Gandhi, cet homme debout.

(Article paru dans La Foudre 1999)

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